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Le
roulis vague du train
Imprime,
en moi,
Un
si languissant refrain :
Le
brouhaha des voies .
Une
fillette s'ennuie
Sous
une annonce qui rassure.
Patient
tremblement, son babille sans vie,
Troue
le feutre des murmures.
Dans
les silences d'ouate, on les entend,
Interjections
soudaines en forme d'apocalypse,
Elles
s'imposent longtemps,
Pointues,
coupantes comme du gypse.
Allées
et venues de voyageuses,
Tendues,
comme à la chasse.
« Nous
sommes les travailleuses,
Rapaces !
Faites nous une place ! »
Venue
de loin, une odeur
De
jambon, fade, m'écœure :
Vulgaire,
elle s'étire sans nuance.
Et
fine, ma narine, guette celle du beurre rance.
Sous
le pied, au sol appuyé,
Tressaille
la bête tendue du voyage.
Une
nuit, de lumières déchirées
Annonce
des heures tristes. Présage !
Iles
et ailes.
Il
regarde Elle
Elle
regarde Lui.
Regards
qui se cherchent, œil qui fuit .
Ils
ne se voient pas.
L'un
rit quand l'autre tremble.
L'un
s'interroge, le second se dérobe.
Chassé
croisé d'œillades mal séquencées;
L'iris
s'éternise quand la tête chemine.
Nulle
rencontre. Rien qu'un rendez-vous manqué.
Il
est déjà trop tard, et le train est passé.
Il
ne regarde plus Elle.
Elle
ne voit plus Lui.
Ne
restent que des battements d'yeux.
Veules et
dignement tristes :
Instants
mort-nés.
Leurs
esprits vont à tire d'ailes,
Vers
deux îles opposées.
L'orgueil
est un mode dépassé
Ombre
sans lumière,
Fuite
sans histoire...
Chaque
visage est un mystère,
Chaque
esprit, un ostensoir.
Qui
es-tu toi que j'aperçus ?
Âme,
à peine un instant, saisie,
Sache
que l'Orgueil est un mode dépassé.
Nous
ne sommes que d'infimes images,
Dans
un film qui danse
Et
passe trop vite vers sa nuit.
Si
pleins de morgue, certitudes et importance.
Rien
pourtant, face au sablier qui fuit :
Sais-tu
que l'Orgueil est un mode dépassé ?
Nos
silences sont des morts vécues,
Le
temps, une expérience sans reçu.
Nos
vides se peuplent de babioles,
Se
forcent à oublier nos tristesses et même s'affolent.
L'Orgueil,
vois-tu, est un mode dépassé,
Et
l'existence en devient un chemin épuré.
Le
temps glisse, insaisissable serpent,
Car,
bien tôt, la mort nous rend à nos néants.
La
mort du vieil homme
La tête posée aux mains de ses
fils,
Il est mort le vieil homme
Dans le silence recueilli.
Libre, en somme,
Dans un dernier hoquet, il est
parti.
Et blanc, sur une table, posés,
un lys
Mêlé à quatre roses rouges.Voyage vers mon père... de Serge De La Torre est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.
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