mardi 12 juin 2018

Instructions pour se souvenir de quelqu'un :



Pour se souvenir de quelqu'un :

(Inspiré de « Souvenir de Mortefontaine (Camille Corot) »

Plonger en soi.
Oser le fond ! 
Ne pas mégoter
Sur le temps qu'il faut
A pareil exercice.


Arriver enfin !
Arriver à soi,
Arriver à l'autre en soi,
Si on le reconnaît : 
Le rencontrer . 
Alors, le retrouver,
Développer à partir de là. 
Développer ! ?
Façon de parler, bien sûr !
Laisser se développer, plutôt!
Laisser, oui, venir l'image,
Les sensations, le souvenir,
La circonstance et les circonstances :
Comme un chapelet , 
Un collier désordonné de perles diverses, 
Une émergence d'instants chacun liés à la personne absente. 
Et puis conjuguer
Le "où", le "quand", le " comment",
En plus du qui.
Alors parvenu là,
Ne plus rien dire,
Ne plus rien faire au besoin... 
Pour ne pas troubler
Ni la composition, ni le tableau.
Mais jouir, oh oui ! jouir de la présence . 
Oh oui ! même imparfaite ! 

Car ils ne sont pas loin nos absents,
Car ils sont bien là à cet instant.

Et puis s'en réjouir...
Plutôt que d'en pleurer,
Que de crier là nos manques,
Se nourrir de cet être ensemble. 
Se gaver du moment.

Et pleurer s'il faut. 
Oh! oui pleurer,
du bonheur d'avoir vécu jusque là, 
du fait de l'avoir rencontré un jour
de l'avoir aimé depuis, 
du fait d'être encore, 
Du fait même d'avoir su faire renaître
l'autre et le passé, 
Et lentement s'accepter :
Comme lui, comme tous, 
Simplement de passage.  


Souvenir de Mortefontaine (Camille Corot)
S'accepter allant déjà :
encore un temps, vers la vie pour l'un , 
Pour l'autre vers un fond de soi
d'où on l'a - un moment au moins- laissé émerger, 
où l'on sait aussi maintenant
pouvoir à volonté le retrouver.
Oui, nul oubli! 
Juste un moment de courage pour,
au delà de l'évoqué, 
Oser la force de vivre. 
Vivre pour deux,
Vivre pour tous ceux avec qui on a ,
dans le réel ou au fond de soi, 
Partagé de si grands moments.