mardi 25 décembre 2018

Ciel de nuages

Image proposée à l'inspiration des membres de L'Herbier de Poésies par Jamadrou (Artiste)



Nu l’horizon, comme la branche quand l’automne a fini de souffler…
Nuées troubles, comme l’eau chaulée avant que ne l’unifie le pinceau.
Nuages en masses qui dansent et masquent le ciel bleu,
Fumée de ciel, sortis de quelque feu froid où couve, gouttes à gouttes, la saison.
Volutes vaporeuses aussi qui égalisent tout, brume, brouillard
Et flou des choses quand la vue s’en va.
 Taches aériennes où vole parfois un oiseau sombre et comme perdu,
Cieux qui se conjuguent en mille baroques ou comiques mots en -us.

En essaims orageux, ou en tempêtes retenues,
Vous flottez, gazeuses et mélangées,
Portées par la bourrasque, vagues en masses
Et écumes de nacre blanche et rosée.

La fée, de sa plume, a signé de son nom,
Ainsi font et voyagent les dames éprises de nature,
Ainsi conjure-t-elle à leur manière
Ce vide qui nous tient à tous lieu d’essence.  

                                                                                                     
                                                      Serge De La Torre 

lundi 24 décembre 2018

La constellation du chat


  

Lorsque naquit au monde le peuple des hommes, durant des nuits et des nuits, Ils tremblèrent sous le ciel d’été et pire encore sous le ciel d’hiver.
Terrifiés, longtemps, ils y sentirent dangers et présences.
Longtemps, ils n’y regardèrent l’ombre que comme une menace.
Ils avaient si peur : une multitude d’yeux les regardaient vivre.
Une voix, parmi eux, alors s’éleva :

Le ciel est matrice.
Yeux d’hommes hallucinés !
L'Été comme l’Hiver !

La peur dépassée, les regards s’osèrent imagination, et les nuées devinrent giron des possibles.
Elles entrèrent dans un ordre : celui de leurs rêves, celui de leurs désirs.
Les hommes s’arrachaient entre eux les œillères.
La nuit serait leur, ils la liraient selon leur cœur.
Elle ne serait plus noire, ni bleue, elle leur devint scène, et théâtre.

Lion Petit Renard,
Le peuple céleste
Devenait Bestiaire.

Siècles après siècles, ils jouèrent le ballet, les pièces que nos pères y voyaient se développer. Cassiopée y enfantait Andromède.
Le cygne y convolait avec l’Aigle ; Éros s’y cacha souvent, et le Cocher y menait ses Gémeaux.
Un penseur sans âme naquit pourtant un jour, qui hurla :

Les cieux sont froids.
Sans dieux, habillés de vide !
Osez la tristesse !

De trous noirs en mystères dévoilés, ils apprirent des savants les chiffres et baptisèrent l’infini de nombres à puissance.
La voûte céleste devint carte et raisons, elle perdait en magie.
Masse et diamètre, rayon d’orbite et période de rotation tuèrent bien des regards.
La Voie Lactée se fit lait froid.
 Ne restèrent plus à rêver sous le ciel que l’enfant et l’artiste, qui continuent par temps clair, d’y lire d’étranges bonhommes verts faisant des folies salutaires.

Fée naine, et Barbu
Dans un coin de l’univers
Dansent avec mon chat.

                               Serge De La Torre 

dimanche 23 décembre 2018

Flamme-femme



           
Oeuvre picturale d'Adamante Donsimoni proposée à l'inspiration de l' Herbier de poésies
                                                  

Flamme, vierge dans sa grotte
Femme-Lumière, sur fond de nuit noire
Espoir, éclat dans l’infini des inconsciences,
Adoration :  humilité en silence,
Piété, piété née de l’innocence
Noël, vous dis-je !
Noël avant l’heure,
Instant recueilli :
L’homme est si grand lorsqu’il se fait petit,
Et las,  si petit lorsqu’il se croit grand.
                                              
                             Serge De La Torre 


samedi 22 décembre 2018

Homme-robot




Oeuvre de Krist Dimo proposé à l'inspiration des participants de l'Herbier de Poésies .

Homme de labeur farouche !
Homme si froid, si dur d’apparence :
Âme sans sourire, ni expression,
 Sans parole, ni rondeur !

Homme défait de larmes,
De larmes et de liens :
Homme de peines,
De peine et de souffrance !
Homme de traces,
De griffures, de blessures :
D’outrages placidement acceptés !
Homme blessé,
Homme marqué par son histoire !

Visage d’humanité à construire :
Visage où faire renaître
 Un sourire est presque un chantier.

Oh ! Homme de glaise,
De plâtre ou de pierre !
Homme presque sans arme,
Homme à faire !

Tes yeux me disent un silence
Qui s’élève comme un cri terrible,
Une absence qui sature et m’interpelle.