lundi 24 décembre 2018

La constellation du chat


  

Lorsque naquit au monde le peuple des hommes, durant des nuits et des nuits, Ils tremblèrent sous le ciel d’été et pire encore sous le ciel d’hiver.
Terrifiés, longtemps, ils y sentirent dangers et présences.
Longtemps, ils n’y regardèrent l’ombre que comme une menace.
Ils avaient si peur : une multitude d’yeux les regardaient vivre.
Une voix, parmi eux, alors s’éleva :

Le ciel est matrice.
Yeux d’hommes hallucinés !
L'Été comme l’Hiver !

La peur dépassée, les regards s’osèrent imagination, et les nuées devinrent giron des possibles.
Elles entrèrent dans un ordre : celui de leurs rêves, celui de leurs désirs.
Les hommes s’arrachaient entre eux les œillères.
La nuit serait leur, ils la liraient selon leur cœur.
Elle ne serait plus noire, ni bleue, elle leur devint scène, et théâtre.

Lion Petit Renard,
Le peuple céleste
Devenait Bestiaire.

Siècles après siècles, ils jouèrent le ballet, les pièces que nos pères y voyaient se développer. Cassiopée y enfantait Andromède.
Le cygne y convolait avec l’Aigle ; Éros s’y cacha souvent, et le Cocher y menait ses Gémeaux.
Un penseur sans âme naquit pourtant un jour, qui hurla :

Les cieux sont froids.
Sans dieux, habillés de vide !
Osez la tristesse !

De trous noirs en mystères dévoilés, ils apprirent des savants les chiffres et baptisèrent l’infini de nombres à puissance.
La voûte céleste devint carte et raisons, elle perdait en magie.
Masse et diamètre, rayon d’orbite et période de rotation tuèrent bien des regards.
La Voie Lactée se fit lait froid.
 Ne restèrent plus à rêver sous le ciel que l’enfant et l’artiste, qui continuent par temps clair, d’y lire d’étranges bonhommes verts faisant des folies salutaires.

Fée naine, et Barbu
Dans un coin de l’univers
Dansent avec mon chat.

                               Serge De La Torre 

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