« Je
salue tous ceux
qui savent partir, sans s'enrichir en rien des beautés qu’ils
admirent… sinon au-dedans. Je salue aussi ceux qui savent que l’on
peut même piller la misère des autres, et savent ne pas le faire .»
On
m’invite à parler du voyage, à donner des mots sur cette
expérience singulière du « partir et du vivre ailleurs »,
du périple vers ce continent que l’on nomme « autre que
l’ici ».
J’ai
lu, aujourd’hui, (était-ce un hasard ?) cette citation de
Proust :
« Le
seul vrai voyage serait d’avoir les yeux de l’autre. Par l’art
seulement nous pouvons sortir de nous ».
Proust
répond en écho, à cette autre histoire que j'ai rencontrée, il y
a plus de 40 ans :
« Un homme cherchait la sagesse et pour cela courut le monde en quête d'un guide sur cette voie. Et notre homme alla, et alla, et fit plusieurs fois le tour du monde.
« Un homme cherchait la sagesse et pour cela courut le monde en quête d'un guide sur cette voie. Et notre homme alla, et alla, et fit plusieurs fois le tour du monde.
Pour
finir il revient chez lui, meurtri, découragé, penaud.
C'est alors qu'on sonna et l'homme qui se tenait derrière sa porte était celui qu'il cherchait...
C'est alors qu'on sonna et l'homme qui se tenait derrière sa porte était celui qu'il cherchait...
Il
était enfin prêt à le reconnaître et le recevoir. »
On
ne parle pas à tors en anglais de trip. Good trip ou bad trip, et il
ne s’agit toujours que d’un voyage « intérieur ».
Dès
lors, je dirai facilement que l’on voyage dès que l’on se met en
posture de recevoir le monde et il n’est pas besoin pour cela
d’aller forcément bien loin.
J’ai
fait de formidables voyages en lisant, d’autres en ne sortant
simplement que de chez moi, d’autres encore en m’ouvrant plus que
d’ordinaire à ce que je n’avais jamais reconnu chez autrui .
Si
un bon livre m’est un fantastique voyage, un rêve aussi, ou un
silence, de même qu’une musique.
Une
belle marche, peut devenir un temps de grande oraison. Je dirai aussi
qu’un sacré voyage commence lorsque l’on se met en position
d’écrire.
Toutefois,
j’ai fait quelques petites expériences dans le domaine du voyage
« véritable », jamais dans d'aussi extrêmes conditions
que celles d’un Nicolas Bouvier ou d’une Alexandra
David-Neel. Saurions-nous encore aller
dans l'absolu où chacun d’eux s’est engagé? Sommes-nous
capables de ce dépouillement, de cette mise en abîme absolue.
Le
monde se prête-t-il encore aujourd’hui à des périples tels qu'il
et elle le décrivent ?
Ma plus riche expérience dans ce domaine du voyage fut un périple, en Roumanie en compagnie d’un peintre natif (beaucoup artiste, un peu aigrefin), ainsi que de sa compagne et muse Helena. En voiture, il y a plus de cinq ans. Il m’a conforté dans l’importance du plus simple, dans l’expérience du respect de l’autre.
Ma plus riche expérience dans ce domaine du voyage fut un périple, en Roumanie en compagnie d’un peintre natif (beaucoup artiste, un peu aigrefin), ainsi que de sa compagne et muse Helena. En voiture, il y a plus de cinq ans. Il m’a conforté dans l’importance du plus simple, dans l’expérience du respect de l’autre.
Il parlait un français imagé, métissé d'une culture gigantesque et
de la maîtrise de plusieurs langues.
Il
m’ a offert l’amour de son pays, la diversité de ses paysages et
ce qu’y vit ce peuple complexe et composite, ainsi que le regard qui l'anime et alimente son art. Il
m'a ainsi montré :
- que l'essentiel en l'homme transcende et les cultures, et les religions,
- que finalement si je voulais trouver l'Autre ( dans la force et le courage, dans l'adversité et le dénuement....), c'était en moi (dans ma culture propre, dans mon chemin de vie qu'il me fallait les trouver).
Depuis
ce voyage marquant à de nombreux titres, je
tiens à ne rester que le moins possible un ordinaire collectionneur
des beautés du monde, je préfère être témoin du vrai, partout où
je le vois, de l’humain chaque fois que je le rencontre.
Ce monde auquel m’ouvre le voyage, rien ne peut pourtant me le faire accepter en l'état, et je ne peux le changer seul.
Ce monde auquel m’ouvre le voyage, rien ne peut pourtant me le faire accepter en l'état, et je ne peux le changer seul.
Je
le soigne et l’admire; de ma porte, l’aime et le souffre.
Car
il n'est jamais loin, le monde : le plus souvent juste là….. chez
mon voisin.
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