lundi 23 décembre 2019

« Romano, Les lettres à Grand-père » Autrice Adamante Donsimoni.


Voici un titre !
Une énigme, plus qu’une porte d’entrée, vraiment transparente !                                     

Et bien malin, qui de là, peut déduire ne serait-ce que l’essentiel du contenu.
Ce livre se savoure, il se ressent autant qu’il se lit.
« Romano » d’abord !
Une pirouette qui vaut la peine de la curiosité, et le détour de la lecture.                                   
Il ancre (encre) semble-t-il un destin dans une anecdote, une dette enfantine…
Les Lettres, ensuite…
Certes, il est bien question tout au long du livre de missives, mais reste la question pour le lecteur de bien comprendre où s’origine ces écrits, et à « qui » ils s’adressent.                            
On n’est pas, avec ce recueil, forcément loin de l’œuvre diaristique, ou de l’échange épistolaire, (surtout dans un sens, quoique …) mais on en déborde largement le fond : ici la quête est personnelle, et touche autant à l’expression poétique, qu’au partage d’une expérience intérieure essentielle.
La poésie retrouve, là, son essence première, celle que lui donnait les Grecs, pour qui elle se confondait avec un pouvoir « divin » et avec les origines de l’Univers.
« Romano » est de plus structuré dans sa forme, autant que dans son contenu.
Ponctué de tankas, après chaque adressage en prose, ceux-ci font apparaître la quintessence de chacune des lettres.
Elles sont (d’ailleurs relevées de quelques photos frappantes qui donnent à l’œil le temps de l’esthétique, le temps de se projeter et respirer. 
Faut-il dévoiler (si tant est que cela soit possible !) « qui » est ce Grand-père que le livre dévoile lentement, page après page, et jusqu’à la dernière, tout en les précédant chacune ?
Sans doute vaut-il mieux ne pas le faire.  « Dé-finir », ne devrait-il pas, étymologiquement, conduire hors des limites, plutôt qu’à cerner la réponse impossible de mots supplémentaires.
Elle n’en mérite pas moins que le lecteur se laisse gagner par cette question, et qu’il plonge à la suite de l’Autrice en quête de ce « Grand-père » qui nous concerne chacun, afin de nous ouvrir à des vécus possibles, et fort sincèrement partagés dans les divers textes.
Il y a dans ce livre, des passages d’une bien  fine sensibilité, d’une humanité profonde, et d’une sagesse vécue, sans, pourtant, aucune prétention à rien conduire, ou rien indiquer à quiconque.
Une quête décrite, oui ! un vrai chemin d’expériences (reçues et/ou ressenties) en termes de qualités et d’images, à diverses grandes heures d’une vie qui se vit comme simple, actuelle et engagée : un cri de révolte parfois nourri de la confrontation à l’absurde ou à l’injuste.

Un livre où la poésie se conjugue en vers comme en prose, où la musique et la polysémie des mots sont portées par un cœur ouvert, en dialogue avec la Vie qui l’anime et l’entoure.

                                                   Serge De La Torre

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