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Taureau
furieux,
Ombre
fantôme
Qui jadis hanta l’arène !
Certains
jours de grande chaleur, dans le flottement licoreux d’un air instable,
apparaissent tes cornes - : en transparence sur le blanc des portes du toril…
Taureau
écumant
Qui
bouillonne de rage
Quand à la
mort, il fit face !
Ils te
narguent les picadors sur leurs chevaux en caparaçon, les matadors en habit de
sinistre lumière.
Capote,
piques et banderilles toutes t’excitent de leur mouvement hiératiques , de leur
traitrise blessante , jusque-là même : au cœur de la fournaise : à la
racine même de ta sourde colère.
Ils te
voient - les fous ! -
Comme simple
bête,
Quand c’est
un Dieu qui fait face !
Tu t’avances
vers l’infini ! Par cette porte d’honneur où ta mort n’est qu’un passage.
C’est leur nuit qu’ils ignorent quand ils te disent porté par le feu, la
tempête et quelque violence.
Tu n’es que
nature
Face au
toréro
Il jabote le
fol, mais te craint !
Tu
renvoies dos à dos à leur peu de courage, à leur violence, ou leur soif de
carnage, les toristas*, les toreristas*, ou les curieux et obscurs turistas*.
Toi,
tu avances - fier, fort, et la corne haute- vers la muleta* qui flotte – sordide
traîtresse au bras qui porte la passe, et qui cache l’épée au baiser mortel. Tu
sors de l’ombre et va vers ta lumière.
Du
si vil boucher,
De
la bête qu’il tue,
Qui
donc a le plus d’honneur !
*Torista : Spectateur
essentiellement attiré par le spectacle du taureau
*Torerista : Spectateur essentiellement attiré
par le spectacle du toréador
*Turista : public de corrida occasionnel ou
étranger
* Passe :
action d'appeler le taureau sur un leurre, capote ou muleta, de le faire courir
et passer le long de son corps
* Toril : stalle, local où le taureau est
confiné avant qu’il n’entre dans l’arène
* Muleta : leurre en drap de serge rouge utilisé par le matador durant la faena
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