Et je craindrai sur l'autel de
l'auto-promotion, d'oublier :
- que je suis aussi faillible.
- la conscience que j'ai de mes propres défauts, pour apprendre un plus juste chemin.
- et même de reconnaître dans mes ratés ou les propos de mes critiques, ce qui me permettrait d' aller, plus justement, sur mon chemin.Et cela, à quelque gloire que je puisse me croire parvenu .
Je ne mettrais jamais :
- aucune valeur, au dessus de ma quête de vérité, d'art et de justice,
- aucune valeur, au dessus de mon souci de me connaître (dans mes grandeurs comme dans mes limites)Surtout jamais au dessus d'elles, je ne mettrai ni ma réussite, ni surtout l'argent que j'en voudrais tirer.
Je sais :
- des millions de gens ordinaires, simplement honnêtes : tantôt bons, tantôt moins, mais que du moins protège le fait de ne point savoir, et je leur donne mon respect
- je sais quelques parvenus, hommes de grands biens, qui n'ont rien voulu et tout reçu, que la réussite pourtant n'a point changé, que la vertu (le souci de vérité et de justice) guide encore : ils ont, eux aussi, mon respect, et doublement.
- je sais quelques, bien plus rares, génies pauvres, de ces grands hommes qui préfèrent vivre sans le sou que se trahir, et au commerce refusent de sacrifier leur âme : je leur donne mon admiration, Ils ont, eux, fait le choix de la vertu, plutôt que celle de l'opulence, de la vie simple plutôt que celle de la vie en vue, celui de l'honnêteté plutôt que la renommée
- ils existent aussi, les vereux aux poches plus ou moins pleines avec pignon sur rue, comptes en lignes et sites pleins d'éloges sur eux-mêmes. Ils usent de persiflages sur autrui, qui ne soignent que bien mal leur popularité, et, finalement, leur cachent les arrières plans de leurs propres actes. Prêt à tout, pour arriver à leur fin, pour apparaître aux yeux du monde dans un manteau couleur d'eau pure, pour faire disparaître ce qu' ils masquent dessous : leurs peaux de loup, leur manteau de nuit et leurs griffes rapaces.
Ils se parent d'écrans de fumée qui
ne les illusionnent qu'eux-mêmes, et ne trompent leurs victimes
qu'un temps.
Pour eux, tout est toujours guerre,
car en eux ne se trouve pas de paix.
Ils se sont oubliés eux-mêmes,
le jour où ils ont pris souci de soigner leur image, le jour où
ils se sont mis à guêter anxieux les fluctuations de leur cotte de
popularité, ou de leur porte-monnaie. Où ils ont cru devoir placer
leur œuvre au dessus de leur personne, leur intérêt plus important
que celui des autres.
Comme ils ont oublié leurs obligés
derrière l'usage qu'ils en font et l'intérêt qu'ils leur
rapportent, je les entends qui réclament encore pour
eux-même:
- un droit au respect qu'ils oublient
d'accorder,
- une parole libre qu'ils se ménagent
sans la donner,
- un droit à être entiers qu'ils
réservent à leur usage unique,
Ils se plaignent de ceux à qui
pourtant ils refusent des chemins qui ne sont pas les leur ou ceux
qui les enrichissent.
Ils leur reprochent de ne pas savoir,
quand on leur demande de l'aide, croit-il que chacun ne soit né que
pour servir leurs désirs.
Et je dis qu' il n'est nulle position
qui ouvre un crédit à pareille conduite, à un tel endormissement
dans l'erreur : ni la gloire, ni l'argent, ni même la réussite.
Pas même la vertu n'y autorise ;
au contraire elle oblige.
Toi, homme égaré !
Tu ne me dois rien, sans doute, et
peut-être te dois-je beaucoup, mais un homme reste un homme.
Qu'il se croit grand ou qu'il soit
petit.
Je ne te juge pas. Je n'en suis qu'à
te regarder comme un semblable.
J'ai le temps de te comprendre, et même
la patience de t'attendre !
Je te sais comme chacun.
Je te sais comme nous tous.
Je te sais comme moi, modelé de
faiblesses, de besoins, de tentations absurdes et de volontés de
puissances extrêmes : de ces égarements sans lumière que l'on
nomme : illusions humaines.
Va ! Le temps nous apprendra !
Le temps nous apprend tout ! Au
delà de la gloire éphémère, il nous enseigne l'humble mesure !
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