Tu t'en es allé Vincent, selon ton habitude …Comme une étoile filante….C’est sûr, mon ami,Tu fus un géant.Tu allais à ton artComme nos pères allaient à la mine :Le visage grave, et le regard parfois perdu,Et dans ta barbe hirsute,Tu marmonnais en marchant,Des sentences de sage,Que tu avais, à la dure,-Dans une si grande solitude-, apprises :
« N’oublions pas que les petites émotionsSont les grands capitaines de nos vies,Et qu’à celles-ci, nous obéissons sans le savoir ».Tu vibrais, Vincent, avec les étoiles que tu peignais,Mais qu’aurions-nous du attendre d’autre, du génie ?N’est ce point toi qui m’écrivis un soir :« Je vis une clarté effrayanteAu cours des moments où la nature est si belle.Je ne suis plus conscient de moi-mêmeEt les images m’arrivent comme dans un rêve. »Oh Vincent mon frère, oh Vincent mon ami !Il est de doctes savants qui s’étonnent,Eh oui, mon frère,Qui s’étonnent, eh oui mon ami !Que tu n’aies su atteindre au mystère,Qu’aux pires heures du chemin …Aux pires moments, de ta vie :Au seul cœur des plus sombres de tes échappées,Au plus noir du pays de ta mélancolie ?Oublient-ils ce que quelque jour tu nous prédis ?« Il faut pouvoir vivre d’un morceau de pain,Tout en travaillant toute la journée,Et en ayant encore la force de fumer,Et de boire son verre,Il faut ça dans ces conditions.Et sentir néanmoins les étoilesEt l’infini en haut clairement.Alors la vie est tout de même presque enchantée ».Tu vibrais ces jours-là,Jours de gloire et jours maudits,Au diapason de ces constellations,Où ton œil comme le nôtre,N’était jamais encore allé ?Bien sûr Vincent, bien sûr mon ami !L’âme humaine est un microcosmeOù se reflètent tous les infinis ?Les alchimistes le disaient déjà,Et qui donc oserait, après toi, en douter ?Et quoi, ? Que semblable connaissance ait puTe faire dépasser nos ordinaires prudences ?Ne nous as-tu pas dit un jour :« La normalité est une route pavée :On y marche aisément,Mais les fleurs n’y poussent pas. »D’autres tout semblablement doctes s’étonnentQue le mystère des galaxies ait pu t’échapper,Lorsque tu choisissais d’être plus simplement,Plus heureusement des nôtres.Tu restais pourtant artiste, mon Vincent,Tu ne faisais alors qu’œuvre plus humaine :Et tu nous confiais, alors, en quelques motsTon amour maladroit, ton amour d’ homme :« Dans un tableau, je voudrais direQuelque chose de consolant comme une musique (…)Il n'y a rien de plus réellement artistiqueQue d'aimer les gens.”
Et te rends-tu compte Vincent,Tu voyais juste encore, mon ami , mon frère !Toi qui m’envoyas un jour ce message prophétique :« La science – le raisonnement scientifique –Me parait être un instrumentQui ira bien loin dans la suite. (…)Des générations futures, il est probable,Nous éclairciront à ce sujet si intéressant ;Et alors la Science elle-même pourrait –Ne lui déplaise – arriver à des conclusionsPlus ou moins parallèles aux dictions du ChristRelatives à l’autre moitié de l’existence. »
Te voici parti mon frère, rejoindre tes étoiles,
Définitivement entré dans ta nuit.
Faut-il que je m’en étonne ?
Toi qui n’a jamais été que sur le départ,
Hasardeusement posé parmi nous :
« Cela m’intéresse infiniment,
Mais une chose complète:
Une perfection nous rend l’infini tangible ;
Et jouir d’une telle chose,
C’est comme le coït, le moment de l’infini. (…) »
« On commence à saisir alors que la vie
N’est qu'une espèce de période de fumage,
Et que la récolte n'est pas de ce monde. »
Dans la vie du peintre peut-être la mort N’est-elle pas ce qu’il y aurait de plus difficile.
Moi je déclare ne pas en savoir quoi que ce soit,
Mais toujours la vue des étoiles me fait rêver
Aussi simplement que me donnent à rêver
Les points noirs représentant
Sur la carte géographique, villes et villages. »
Serge De La Torre
Adieu Vincent, adieu mon frère, adieu mon ami,
A Vincent Van Gogh
Par la voix de Théo, son frère et meilleur ami…
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